TÉMOIGNAGES HUMAINS DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE (D'APRÈS LES RECHERCHES PARMI LES TCHÈQUES DE VOLHYNIE ET DE YOUGOSLAVIE)

      La création populaire et la littérature individuelle aux sujets de la deuxième guerre mondiale donnent un ta bleau de la pensée collective, des préoccupations et de la conscience sociale du peuple au cours de cette guerre.
     L'auteur du présent article analyse la création litté raire des Tchèques de Volhynie et de Yougoslavie qui ont pris une part active à la lutte contre le fascisme. Au début de son article, elle esquisse une histoire des deux enclaves tchèques et de la naissance des troupes militaires en Union Soviétique et en Yougoslavie, dans le cadre desquelles combattaient aussi les Tchèques de Volhynie et de Yougoslavie.
     De nos jours, le genre folklorique aux sujets de la deuxième guerre mondiale le plus vivant et le plus fré quemment adopté est le récit oral des souvenirs. Mme Heroldová divise les textes en plusieurs ensembles thé matiques autour desquels s'organise la plupart des sou venirs racontés, et elle analyse les variations par les quelles ces textes ont passé. Une manifestation littéraire particulière est représentée par les journaux de front qui, en réalité, constituent un pendant aux souvenirs racontés parce qu'ils sont une fixation écrite des expé riences vécues, développées plus tard dans les récits oraux.
     Un autre genre littéraire auquel Mme Heroldová prête attention, sont de courts textes dramatiques des Tchè ques de Yougoslavie qu'on réalisait au cours des rencon tres des partisans et qui servaient aux buts de propa gande et qui mobilisaient l'esprit de combat. Les auteurs puisaient leurs sujets dans la situation actuelle de la guerre ce qui déterminait l'actualité des textes mais aussi leur caractère éphémère.
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     Dans les deux troupes militaires, on mettait un accent particulier aussi sur la chanson et sur la musique: les Tchèques y avaient des orchestres des instruments à vent et des chorales A côté des chansons tchèques et slovaques et des chansons empruntées aux différents milieux ethniques, les Tchèques de Volhynie et de Yougoslavie apprenaient des chansons aux militaires et aux partisans qui étaient leurs camarades de combat, et aux différents recueils de chansons publiés à l'époque. La variété inter nationale de ces chansons avec la prédominance des chansons soviétiques caractérisait le -répertoire des chansons dans les troupes tchécoslovaques. En ce qui con cerne les nouvelles chansons, il en naissait un nombre relativement petit. D'ailleurs, ces chansons, de caractère le plus souvent hymnique (appels au combat), ne survé curent pas longtemps. Après la guerre, ces chansons ont disparu sans devenir une partie intégrante du folklore.
     A la fin de son article, l'auteur analyse des vers ano ngmes ou des auteurs peu connus. La plupart de ces textes sont constitués par des vers sérieux et appelant au combat, mais nous y trouvons aussi des vers satiri ques, épiques et lyriques. Ce qui caractérise cette pro duction, c'est ce qu'elle renoue avec les traditions nationales et révolutionnaires. Celles-ci sont devenues le point de départ de la création poétique au cours de la deuxième guerre mondiale et de nouveaux symboles et de nouvelles traditions.
     L'article de Mme Heroldová est complété par une courte anthologie des mémoires de guerre, des journaux de front et des textes dramatiques.

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DÈS ANECDOTES ANTINACISTES POPULAIRES


     Dès le début de l'occupation naciste des pays tchèques et du commencement de la guerre se sont répandus dans différentes variantes des centaines d'anecdotes et de bons mots parmi les gens. Ceux-ci formaient la cari cature du régime naciste, de ses représentants et com mentaient ironiquement les événements dans le pays et au front. Ces anecdotes et bons mots formèrent une opi nion intérieure qui servait de lieu dans la société na tionale tchèque. Le folklore tchèque ne leur a voué jusqu'à présent dans leur collection et interprétation spéciale qu'une attention périphérique.
     L' issue et le centre de vie des anecdotes de guerre étaient surtout dans le milieu citadin puis de là se sont répandues dans le milieu villageois. Dans un degré plus ou moins grand on trouve aussi des différences régiona les. Les anecdotes antinacistes tchèques populaires se relient à quelques anciennes traditions, surtout aux bons mots populaires de la guerre 1914-1918; beaucoup d'eux ont été réactualisés. A part cela on a puisé aussi des sources d'autres nations vivant sous le régime naciste. D'une importance particulière pour le milieu tchèque a été la jonction avec les anecdotes politiques de l'Alle magne antifasciste des années trentes.
     L' anecdote tchèque populaire antinaciste se rapporte à plusieurs domaines thématiques: (1) le système, l'idé
[/]ologie et les institutions du naci[c][s]me; (2) la cronique, "des journaux soufflés" des événements politiques et de guerre; (3) la vie quotidienne sous le protectorat, le front; (4) les person[n]ages de l' Allemagne naciste, de ses alliés et collaborateurs tchèques. La limite entre ces points thématiques sont continus et les sphères parti culières se mélangent. A l' intérieur des groupes se sont aussi formé plusieurs petits sousgroupes expressifs (avec motifs juifs et bons mots en deux langues etc.). La ten d[e][a]nce de classer les bons mots en cycles s' est fait va loir fortement et cela quant aux personnages importants.
     Du point de vue formel des sortes principales se sont fait valoir: (1) des bons mots d'événement et de situa tion, qui font venir en scène des personnages et laissent dérouler entre eux une scène imaginée; (2) des anecdo tes "statiques" sans événement, basés seulement sur les jeux de mots.
     Pour les futures recherches spéciales se présente com me le plus important devoir la documentation et le clas sement des anecdotes et des toutes les sources de leur naissance et vie, l'analyse détaillée de leur contenu thé matique, l'interprétation de leur poétique et l'étude de leur rapports internationaux et de leurs différences ré gionales.

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