La conception du théâtre
populaire est dans la science contemporaine de folklore en Tchécoslovaquie
très lar ge et embrasse non seulement les scènes isolés
des cérémonies du culte et celles des coutumes, mais aussi le
théâtre baroque villageois et dans une certaine mesure la création
demi-populaire des "opéras'hanaques". Il faut dire que cette conception
est un peu différente de l'usa ge contemporain du terme "théâtre
populaire", employé par ceux qui font le théâtre professionnel;
la plupart de ceux-ci ne prennent (sous l'influence des réalisations
en scène modernes, commencées chez nous par l'action inventrice
de E. F. Burian avant la deuxièma guerre mon diale ) pour le théâtre
populaire que ce qu'on appelle ,théâtre villageois" de l'époque
baroque, dont "le mo dèle" était généralement connu.
Il nous vient à l'idée quelles formes
concrètes possè dent ces phénomènes que nous pourrions
appeler aujour d'hui le théâtre populaire au sens cité et
quelle est leur fonction et leur forme dans la communauté populaire de
nos jours, surtout dans les régions où est le folklore toujours
vivant. Le nombre des coutumes traditionnelles diminue peu à peu et,
en substance, ce ne sont que celles du caractère amusant qui restent
pleines de vie. Le maintien des coutumes avec une certaine obligation cé
rémonielle a ses défenseurs et interprètes avant tout aux
rangs de la génération de l'âge plus avancé, tandis
que les représentants de la génération de vingt à
trente ans préfèrent les coutumes qui fournissent l'occasion à
danser et souvent aux plaisirs débauchés.
C'est le Sud-Est de la Moravie qui appartient aux
régions les plus vives du point de vue folklorique. Le [/]centre naturel
en est la ville de Uherské Hradistë. Dans ses environs ne se sont
conservées de nos jours du grand nombre de coutumes originaires que les
coutumes sui vantes: fête de la moisson, festin (pedant lequel on charrie
parfois le bélier), cavalcade des "rois", tournée à travers
le village à la Sainte-Luce, coutumes et usages de carnaval, tournée
à travers le village à la Saint-Nico las, "enterrement de la basse,"
chant de noël, chant à la Saint-E[É]tienne, et à la
fête des Rois, crécelle de Pâques, verges de Pâques.
Ces coutumes ont pour la plupart le contenu plus ou moins théâtral
et dramatique. Le dépla cement des fonctions et des genres se manifeste
dans les différents phénomènes d'une manière différente.
Le moment décisif d'aspect théâtral,
des coutumes pré sente aujourd'hui l'accent sur le spectacle, "show",
atte int par les moyens différents: le plus efficace est le costume national
ou le masque. Dans les entrées collecti ves en sc[é][è]ne,
le costume national est en faveur aussi parmi les jeunes gens (festin, fête
de la moisson). Un autre élément important du théâtralisme
est l'arrange ment du milieu (on plante le mai, on décore le local ou
l'estrade basse en plein air pour la danse). C'est ainsi que se forme une certaine
espèce de sc[é][è]ne, séparant les acteurs du public.
Les masques employés sont les sui vants: diable, lucie, girafe, chameau,
éléphant. On se sert aussi des masques traditionnels. Ce sont
juif, bohé mienne, bouffon, ours etc. C'est ainsi que le "fasank" (der
Fasching), à l'origine un fait cérémoniel, change en carnaval
populaire.
A côté d'aspect théâtral
on trouve dans quelques cou tumes parallèlement les éléments
du caractère dramati que dans les efforts d'exprimer l'action et l'épisode,
puis
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dans les dialogues, dans la mise en sc[ë][è]ne des
textes et des chansons. Les éléments dramatiques très marqués
sont renfermés dans "l'enterrement de la basse" et dans la cavalcade
des "rois", moins marqués dans la fête de la moisson et dans le
festin; on peut y parler partout d'une seule scène, représentée
en un seul lieu.
Le genre théâtral et les autres
phénomènes folklori ques se réalisent au cours de l'interprétation.
Une analo gie semblable concerne la chanson ou le conte de fées. La chanson
ou le conte de fées ne se réalisent qu'au cours de l'interprétation,
à laquelle participent tous les éléments du caractère
littéraire, mobile et mélodique. Si nous parlons des éléments
dramatiques des coutumes, il ne s'agit pas dans leur action en générale
d'évoquer la tension au sens littéraire, mais d'emprunter la con
ception du théâtre médiéval avec ses sc[é][è]nes,
librement jointes, du caractère statique. On peut dire que c'est une
sorte de continuité du théâtre médiéval.
La
partie suivante du traité est consacrée à la caracté
ristique détaillée des moyens linguistiques du théâtre
populaire. L'auteur les confronte avec les scènes théâtra
les des joueurs de marionnettes, des boutiquiers, des co médiens, qui
forment bien entendu un autre domaine de l'intérêt du collectif
populaire. Il remarque qu'il faudra plus tard se concentrer systématiquement
à mettre en valeur du point de vue littéraire-théorique
les textes de la tradition orale et leur fixation par écrit. Tant qu'ils
sont notés avec tous les phénom[ë][è]nes d'accom[/]pogment
et avec toutes les remarques selon les exigen ces des recherches folkloriques
modernes, ils deviennent l'objet non seulement de l'intérêt ethnographique,
mais en même temps le fait littéraire "sui generis" qui appar tient
d'autre part dans celui de la création demi-popu laire. Une certaine
ressource pour l'orientation entre la conception "demi-populaire" - "populaire",
"popular- folk," "volkstümlich-Volks-", peut être aujourd'hui même
l'intentionnalité de l'auteur 'ou de régisseur. On peut dire que
l'auteur qui est une personnalité créatrice indivi duelle, absorbe
les influences de la production pro fessionnelle et s'efforce de créer
dans son action une forme d'art relativement indépendante; c'est ainsi
qu'il incline au domaine de la création demi-populaire. Au contraire,
l'auteur qui tient intentionnellement, au maxi mum à la tradition, lui
succombe et devient l'auteur populaire au sens traditionnel du mot.
La sphère et la portée d'activité
des auteurs demi-po pulaires et populaires sont bien entendu aujourd'hui re
lativement restreintes. C'est donné par leur régionalisme et par
les possibilités de publication.
Dans cette réflexion, l'auteur s'efforçait
de fixer l'at tention sur les problèmes principaux apparaisent ces derniéres
annés en connexion soit avec la "renaissance" des pièces populaires
sur les scènes professionnelles, soit avec la réflexion sur la
tâche de la littérature popu laire et du théâtre populaire
dans la société industriali sée du vingtième siècle.